Dans les années 70, un chercheur a inscrit son chat en tant que co-auteur d’un article scientifique. Voici l’histoire du renommé F.D.C. Willard.
F.D.C. Willard. Ce nom ne vous dit peut-être rien. Il a pourtant fait parler pour le résultat de ses recherches scientifiques… mais aussi et surtout parce que cet auteur est en réalité un chat.
L’histoire remonte aux années 70. Jack Hetherington, professeur à l’université du Michigan et chercheur peaufine un papier sur la physique des basses températures intitulé “Two-, Three- and Four Exchange Effects in bbc 3He“.
Avant de soumettre le fruit de ses recherches à la très sérieuse revue scientifique Physical Review Letters, il demande à un collègue de relire ses écrits avec un regard neuf.
Celui-ci remarque des incohérences. Le texte est écrit entièrement à la première personne du pluriel alors que Jack Hetherington est l’unique auteur de ces recherches. Un problème, puisque la revue n’accepte le pronom “nous” que dans le cas d’une publication signée par plusieurs auteurs.
Inscrire le nom de son chat plutôt que de réécrire l’intégralité de l’article
De nos jours, la correction de ce papier de trois pages aurait pris quelques minutes mais à l’époque, les papiers étaient entièrement rédigés à la machine à écrire. À la moindre faute de frappe, c’était une page entière qu’il fallait retaper.
Jack Hetherington ne voulait pas non plus ajouter le nom de n’importe quel auteur. En effet, la réputation d’un scientifique est liée à ses publications et donc l’ajout d’un co-auteur peut avoir des conséquences néfastes sur une publication, voire sur les autres auteurs de cette publication.
Le scientifique a donc choisi de tricher en ajoutant non pas le nom d’un scientifique mais celui de son chat siamois, Chester. Pour éviter d’être découvert facilement, il lui créé l’alias F.D.C. Willard, pour Felis Domesticus Chester, fils de Willard.
L’article, publié en 1975, est cité par de nombreux confrères de Jack Hetherington qui s’appuient sur ses recherches innovantes mais le masque fini par tomber.
Un jour, un visiteur de l’université demande à parler à Jack Hetherington, alors absent, ou à M. Willard. Le doyen de l’université du Michigan, Truman Woodruff, écrit une lettre à Jack Hetherington dans laquelle il lui demande de persuader M. Willard de rejoindre l’université en tant que professeur honoraire.
Pris la main dans le sac, Hetherington avoue avoir inscrit son chat comme co-auteur. Par humour, il réimprime son article, appose sa signature et l’empreinte du coussinet de son chat.
Willard devient un auteur à part entière
L’histoire ne s’arrête pas là puisqu’en septembre 1980 F.D.C. Willard publie à nouveau le résultat de ses recherches “L’Hélium-3 solide: un antiferromagnétique nucléaire” dans le numéro 114 de la revue française La Recherche. Cette fois-ci, il est l’unique auteur du papier.
En réalité, Hetherington s’était associé à d’autres chercheurs français et américains pour cette nouvelle étude. Ils n’avaient pas réussi à se mettre d’accord avant la date d’envoi butoir et ne voulaient pas mettre en jeu leur réputation, laissant donc Chester asseoir sa réputation de chat membre de la communauté scientifique.
Aujourd’hui, Chester a d’ailleurs sa propre page Wikipedia.